Juste un petit pantin de bois
Je tiens dans ma main une croix de bois. Des quatre extrémités de cette croix se trouvent des ficelles. Et aux extrémités de ces ficelles se trouvent des bras, des jambes, une tête. Le joli pantin de bois sautille au rythme de mes mains.
Cours beau pantin. Joue beau pantin.
Profite de cette vie qui t'est donnée, toi qui n'a rien fait pour l'avoir. Ta figure de bois ne cesse de sourire. Tu sembles heureux. Tes yeux malicieux sont grands ouverts. Tu ne dors jamais. Tu veilles. Sur quoi ? Je ne sais pas.
Mes mains s'amusent entre elles. Tu voltiges, tu danses, tu sautes. La vie t'envahie et tu t'émerveilles.
Mais mes mains sont aussi cruelles, pauvre petit pantin. Elles te lachent. Tu tombes. Rien ne te retient, tes ficelles sont relachées. Plus rien ne t'amine. Tu restes là, assis sur ton derrière de bois, le visage baissé, le sourire toujours tendu. Il me semble si faux à présent, ce sourire inexpressif.
Tes bras pendent. Tes pieds ne te soutiennent plus. La vie t'abandonne pauvre petit pantin de bois.
Tu ne peux même pas pleurer sur ton triste sort.
Non, tu n'as rien à faire d'autre qu'attendre. Attendre qu'une main, ou même plusieurs viennent te chercher. Tu ne peux qu'attendre la vie, celle qui t'a abandonné.
Alors tu attends.
Et lorsque mes cruelles mains te reprennent, tu ne cesses de sourire. Mes mains coupables se remettent à jouer. Plus vite, plus fort. Tu te cognes contre les murs, tu chahutes avec les meubles. Mais rien ne t'empêche de sourire.
Qui es tu petit pantin de bois ?
Tu es le pantin de ma vie.